THERAPIE PAR L’HORIZON VACILLANT
(vidéo-texte)Beaucoup d’hommes ne vivent plus que pour la chute de l’horizon
Ils attendent vaillamment, le nez effleurant la fenêtre,
La seule singularité de la journée,
C’est le dernier endroit où il leur est encore permis de placer un peu d’espoir
Leur dernière incertitude, dans un quotidien normalisé de toutes parts
Alors ils se lèvent le matin, n’ayant en tête que les couleurs pourpres de la veille, pariant sur le rose du crépuscule
“S' il y avait quelques nuages ce soir, ce serait magnifique non?
Juste assez épais pour se laisser envelopper de pastel
Et surcharger ne serait-ce qu’un peu plus ce ciel déjà si rempli de nuances”
C’est donc derrière sa fenêtre, que l’égaré est autorisé à se retrouver,
L’espace de quelques instants, dans un dédale de couleurs
Puis un jour, alors que le cœur commence à esquisser un sourire
L’Homme commence à avoir soif du monde
Il trahit donc ses murs et s’offre à lui
Il quitte le vide
Quitte la nostalgie, l’ennui, la haine
Il se quitte tout entier finalement
Puisque c’est tout ce qui a fini par le définir
Ainsi il prend son courage à deux mains et marche vers l’inconnu
À ce moment-là, et à ce moment-là seulement
Le monde s’offre enfin à lui, à plein corps
Alors l’Homme qui ne faisait que tourner sur lui-même
Voit ses ellipses s’élargir
Elles s’élargissent encore et encore
Jusqu’à devenir démesurées
Sa chasse du pourpre le mène à des endroits qu’il n’aurait pu soupçonner
Il erre à n’en plus pouvoir, il finit même par semer sa tourmente
Mais comme il se l’était promis
Dans chaque lieu ou sa peau, ses os et son âme décident de se poser
Il s’assied, peu importe l’endroit tant qu’il est pourvu d’un carré bleu
Il lève alors la tête, les yeux rivés vers le ciel
Attendant le soir avec une patience que l’humanité avait perdue.
Et même lorsque l’univers chancelle, il reste là
Contemplant vainement son horizon
N’oubliant ni le froid de la vitre de son appartement
Ni les couleurs du ciel rouge enfermées dans le cadre de sa fenêtre
Ni l’infinie tristesse avec laquelle il les contemplait